On reconnaît son style si singulier, son foisonnement de couleurs, son accumulation de symboles issus de l’univers de la BD, des super héros, du street-art …, les œuvres du peintre lyonnais Jakè nous interpellent par leur expression joyeuse et leur poésie. Rencontre avec Laurent Jacquet, un homme touchant qui se cache derrière son nom d’artiste.
Enfant de l’Hôtel-Dieu, né il y a tout juste 50 ans dans ce lieu emblématique, il évoque ses années laborieuses passées sur les bancs du collège de la Martinière. « La scolarité m’ennuyait terriblement. Ma seule passion était le dessin, une façon de me créer une bulle, un refuge. J’ai eu la chance d’être repéré par un professeur qui a changé ma vie. Il m’a convaincu d’intégrer les Arts Appliqués à Paris. »
Avec un style déjà affirmé, il se lance dans le dessin sur textile puis la direction artistique durant 10 ans. « Avec la révolution de la PAO, le dessin à la main devenait has been ! J’ai donc choisit d’abandonner définitivement l’univers de la communication. »
De retour à Lyon, il se lance dans la restauration puis l’immobilier de commerce avant de se consacrer pleinement à sa peinture. « Un jour j’ai ressenti le besoin de « vider mon sac » en réalisant chez moi une toile XXL représentant les 10 dernières années de ma vie ! Le succès a été immédiat auprès de mes proches et de mes amis qui ont commencé à me confier des commandes de tableaux. »
Jakè, alors âgé de 36 ans, sort du cadre des toiles pour peindre des voitures, des meubles, des fresques murales, des containers… Un travail de création qui s’exprime sur de multiples supports tout en restant fidèle à son style. Un univers peuplé de personnages, de super-héros, de messages. « Toutes mes œuvres racontent une histoire, qui peut partir d’une rencontre, d’un événement, d’une musique, d’un film… Si mon graphisme semble très enfantin, parfois derrière le dessin se cache un message beaucoup plus grave. Il y a différents niveaux de lecture. »
Assimilées au street-art, les peintures de Jakè recèlent une technique identique depuis ces débuts. Il peint, à l’acrylique, à l’aérosol et aux marqueurs Posca, des aplats de couleurs vives (14 précisément !) qui ne se mélangent jamais. « Mes toiles séduisent car elles sont optimistes, spontanées. Je suis d’ailleurs un adepte du Live Painting qui me permet d’être en lien avec un lieu, un public. »
Une démarche généreuse qui contribue à la notoriété grandissante de l’artiste missionné pour réaliser une fresque de 25 m dans le restaurant Miss Paradis au cœur du Grand Hôtel Dieu ou la nouvelle collection de vaisselle Vista Alegre.
Egalement très engagé auprès du programme alimentaire mondial, Jakè a su se faire un nom et donner du sens à sa création. Véritable boulimique picturale, il reconnaît se pas savoir s’arrêter « c’est sans doute pour cette raison que je peins souvent les bords des tableaux ! »